La Messe du Couronnement
W.A. Mozart (1756 – 1791) – Messe en ut majeur K 317 dite « du Couronnement »
Composée au printemps 1779 et jouée dès Pâques de la même année, la Messe en ut majeur K 317 dite « du Couronnement » aurait à l’origine été destinée à la commémoration annuelle du « couronnement » d’une icône, celle de la Vierge de l’église baroque de Maria-Plain, située dans les faubourgs de Salzbourg. Ce n’est que plus tard qu’elle reçut l’appellation « Messe du Couronnement » : tout d’abord à Prague en Août 1791, en la présence de Mozart, pour le couronnement de Léopold Ier de Bohême, et surtout en 1792, où elle fut jouée sous la direction de Salieri en tant que « Messe du Couronnement » de Mozart.
Écrite sur ordre du prince-archevêque Colloredo, cette œuvre riche et flamboyante ne laisse pourtant guère deviner la période difficile que traverse alors un Mozart âgé de 23 ans. À contrecœur il vient de rentrer à Salzbourg après avoir parcouru l’Europe pendant un an, sans avoir connu la gloire et les honneurs qu’il espérait, en particulier à Paris où il a perdu sa mère et a été quelque peu boudé, tandis qu’à Mannheim Aloysia Weber a refusé d’être sa femme… Sur l’ordre de son père, mais aussi en proie aux soucis financiers et aux doutes, il a repris sa place de Konzertmeister auprès d’un Colleredo qu’il abhorre et qu’il avait pourtant quitté avec fracas. C’est donc pour lui le début d’une profonde crise, et l’échec de la vie dont il avait tant rêvé, celle d’un artiste épris de liberté !
Cette messe a été écrite pour 4 voix solistes, un chœur mixte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, des timbales, un orgue et des cordes, mais pas de violons altos puisqu’il semble bien qu’il n’y en avait pas à l’orchestre de la cathédrale de Salzbourg. Ainsi que l’exigeait l’archevêque, il s’agit d’une « messe brève », selon le concept rationnel et fonctionnel de la liturgie s’appuyant sur des textes volontairement concis et intelligibles. Mais vingt-cinq minutes suffisent à Mozart pour capter la force d’une foi coulant de source…
Tout comme le Requiem, la Messe en ut majeur KV 317 détient une place particulière dans le répertoire sacré mozartien et jouit toujours du même succès que celui qu’elle a connu dès sa création. Et comme La Flûte Enchantée, cette œuvre populaire et simple se révèle complexe à ceux qui veulent l’approfondir. Ses contrastes saisissants entre une masse sonore imposante et la fragilité apparente de la voix de soprano sont remarquables. Cette recherche d’écho entre la force du chœur et l’aérien de la voix d’ange donne à la messe une vraie puissance poétique.
Messe du Couronnement (1ère partie – Wolfgang Amadeus Mozart – OTrente, Orchestre Colonne, direction Marc Korovitch – Enregistré le samedi 30 janvier 2016 – Salle Gaveau, Paris
Messe du Couronnement (2nde partie – Wolfgang Amadeus Mozart – OTrente, Orchestre Colonne, direction Marc Korovitch – Enregistré le samedi 30 janvier 2016 – Salle Gaveau, Paris